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P.H.I. : Patrimoines et Histoires d'Ici, l'info sur le passé de Banyuls-sur-Mer
Sommaire
1) Présentation
     1.1) Transmettre
          1.1.1) Blogs 
          1.1.2) Livres
          1.1.3) Vidéos
          1.1.4) Expositions
          1.1.5) 
Scolaires
     1.2) Méthodologie
          1.2.1) Les axes de recherche
          1.2.2) Exemples 
     1.3) Sources
          1.3.1) 
Archives
          1.3.2) 
Bibliographie et sitographie

     1.4) Carte

2) Crêtes

     2.1) Politique
          2.1.1) Paroisse
          2.1.2) Féodalité
          2.1.3) Royautés
     2.2) Frontière
          2.2.1) Batailles, 1793-1794
          2.2.2) Surveillance, 1914-1918
          2.2.3) Evasion, 1942-1945
     2.3) Urbanisme
          2.3.1) L'habitat dispersé
          2.3.2) Hameau des Abeilles
     2.4) Economie
          2.4.1) Agriculture
          2.4.2) Hôtellerie

3) Collines

     3.1) Politique
          3.1.1) Etats Français
     3.2) Urbanisme
          3.2.1) Paroisse
          3.2.2) Hameaux del Puigo & de l'Horta
          3.2.3) Démographie
     3.3) Economie
          3.3.1) Agriculture
          3.3.2) Viticulture

4) Bord de mer
     4.1) Politique
          4.1.1) Fortifications
          4.1.2) République Française

          4.1.3) Commune

     4.2) Urbanisme
          4.2.1) Hameau des pécheurs
          4.2.2) Village littoral
          4.2.3) Rues et place 
          4.2.4) Paroisse

          4.2.5) Art

     4.3) Economie
          4.3.1) Pèche
          4.3.2) Contrebande
          4.3.3) Négoce de cabotage
          4.3.4) Elevage

          4.3.5) Dynamiterie

          4.3.6) Laboratoire Arago
          4.3.7) Tourisme

5) Personnalités
     5.1) Professions
          5.1.1) Militaires
          5.1.2) Marins
          5.1.3) Administratifs
          5.1.4) Maires
          5.1.5) Médical
          5.1.6) Entrepreneurs
          5.1.7) Ingénieurs et ouvriers
          5.1.8) Agriculteurs
          5.1.9) Artisans et employés
          5.1.10) Artistes
     5.2) Médaillés
          5.2.1) Légion d'Honneur
          5.2.2) 1914-1918
          5.2.3) 1942-1945
     5.3) Familles
          5.3.1) Azéma
          5.3.2) Bassères
          5.3.3) Baurès
          5.3.4) Coste-Sales
          5.3.5) Payro
     5.4) Individus
          5.4.1) Vincent Azéma
          5.4.2) Marius Douzans
          5.4.3) Sylvestre Douzans

          5.4.4) Adolphe d'Espie
          5.4.5) Aristide Maillol
5.4.5.1) 
Enfance banyulencque et études
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Présentation du blog et de ses auteurs
P.H.I. : Patrimoines et Histoires d'Ici, l'info sur le passé de Banyuls-sur-Mer

Ce blog est le fruit du travail collaboratif entre l'historienne de l'art Christine SALLES et le comité banyulenc du Souvenir Français, depuis 2014. Il poursuit un triple objectif :
1) présenter l'histoire du village de Banyuls-sur-Mer, au fil des recherches menées dans les divers dépôts d'archives ;
2) replacer l'histoire dans les lieux qui l'ont accueillie. Cette relocalisation est accessible via le menu horizontal situé sous la bannière titre, puisque les évènements historiques sont répartis dans les 3 espaces de la vallée : les crêtes, les collines et le bord de mer ;
3) informer sur l'histoire du village et la conservation de ses vestiges et oeuvres d'art.


Pour citer ce blog : SALLES ChristineL'histoire de la commune de Banyuls, au fil des recherches archivistiques, Blog P.H.I. : Patrimoines et Histoires d'Ici, l'info sur le passé de Banyuls-sur-Mer, http://phi66.canalblog.com/
19 septembre 2022

5) La liste des barques de pèche inscrites à la prud'homie de pèche de Banyuls-sur-Mer, 1910-1914

Le consulat de mer de Perpignan, la 1ère institution maritime en Roussillon :


     Le 22 octobre 1388, le roi d'Aragon et comte de Catalogne Joan Ier crée le consulat de mer. Deux consuls font appliquer les réglements et jugent tous litiges concernant le commerce de Perpignan et des comtés de Roussillon et de Cerdagne, fortement lié à l'activité maritime.   

    A partir de 1394, le consulat de mer est aussi chargé de la perception de l'impariage, droit d'entrée et de sortie des marchandises dans les Comtés. Ce n'est qu'en 1397 que Martin Ier roi d'Aragon et comte de Barcelone autorise le consulat de mer à se bâtir un siège qui prend rapidement le nom de Loge de mer. Les travaux ont dû être réalisés au début du XVème siècle, mais l'édifice n'est complété par sa balustrade ouvragée qu'en 1439. Cette première loge de mer est construite sur l'emplacement de la pella, l'ancien marché aux peaux et draps. Elle se compose d'un rez-de-chaussée très élevé de quatre arcades (deux sur la rue des Marchands, deux sur la place) servant de bourse, et un étage occupé par le tribunal et le greffe, qui est le consulat proprement dit, auquel on peut accéder par un escalier en tourelle situé à l'extrémité de la façade sur la place. Une chapelle se trouve également dans la salle basse. Le bâtiment est doublé jusqu'à l'ancienne entrée latérale de l'hôtel de ville, en 1540, deux ans après l'entrée de Charles V roi d'Espagne à Perpignan, en détruisant l'escalier extérieur. La partie nouvelle ajoutée reproduit fidèlement l'architecture du bâtiment original. 

     N'ayant plus d'activité, en 1751, le bâtiment est vendu au comte de Mailly intendant du roi dans la procince du Roussillon, qui le transforme en théâtre. Ainsi, le retable qui se trouvait dans la chapelle de la Loge est transféré dans l'église Saint-Jacques, pour être aujourd'hui conservé au musée Rigaud.

La Loge de Mer de Perpignan et le port de Collioure, Retable de la Trinité, Huile sur bois, 1489Loge de mer, Photographie, 2018La vigie sur la loge de mer, Photographie, 2018

 

De la confrérie Saint-Jean à la prud'homie de pèche :


       Au XVème siècle, est créée la Confrérie Sant-Joan à Collioure. Tous les pécheurs qui habitent Collioure et Banyuls doivent s'y inscrire pour avoir le droit de pécher. Tous les ans, est loti le littoral situé entre le cap Cerbère au sud et les plages du Racou au nord. Les lots sont alors mis aux enchères entre les différents adhérents de la confrérie. Régulièrement les pécheurs banyulencs se plaignent, car selon eux, les meilleurs lots c'est-à-dire les plus poissonneux, sont bien trop souvent remportés par des pécheurs colliourencs.

     Le 18 août 1792, le Conseil exécutif provisoire installé à Paris, prend un décret qui interdit tous types de confréries religieuses et laïques. Mais la disparition de la confrérie Sant-Joan ne fait pas disparaître l'activité de la pèche. Les pécheurs se réorganisent en prud'homie de pèche pour continuer à se répartir les lots de pèche, à réguler le nombre de barques de pèche et à limiter les techniques de pèche employées, afin d'éviter une trop grande pression sur les ressources marines. Ainsi comme la confrérie Sant-Joan avant elle, la prud'homie définie et contrôle qui pèche quoi, où et comment.

     Le 19 novembre 1859, par décret, le gouvernement de Napoléon III régularise l'existence de « l’institution des communautés ou juridictions de pêcheurs, connues dans la Méditerranée sous le nom de prud’homies ». Désormais, chaque village de pècheurs possède sa prud'homie ainsi que sa zone de pèche attitrée. Les pécheurs élisent leurs prud'hommes, leurs représentants chargés de juger certains litiges entre les pécheurs et de tenir à jour les registres de l'inscription maritime ; inscription maritime qui ouvre les droits à la retraite des marins. Afin d'accueillir les activité de la prud'homie de pèche, de 1872 à 1896, un bâtiment est construit à Banyuls-sur-Mer en bord de plage, sur la rive droite de l'embouchure de la Vaill-Aury. En 1970 l'étage du bâtiment est détruit. Seul le rez-de-chaussée a été conservé. Il a d'abord accueilli le club de pétanque, puis le yacht-club et enfin la police municipale.

Article destruction Prud'homie de pècheVestige de la prud'homie de pèche, Photographie, 2021Vestige de la prud'homie de pèche, Photographie, 2021

 

La liste des navires de pèche à Banyuls de 1910 à 1914 :


      Le dernier prud'homme élu de Banyuls-sur-Mer fut François dit Francis COSTE. Tous les amoureux de ballades en mer se souviennent des 2 frères COSTE et de leur navire "LE REDOUTABLE" qui ont fait découvrir nos magnifiques côtes à plusieurs générations de touristes, et d'enfants banyulencs émerveillés. Avant de quitter ses fonctions de prud'homme de pèche, Francis a pris quelques notes en compulsant les archives de la prud'homie de Banyuls-sur-Mer. Il a ainsi dressé la liste des 86 navires de pèche inscrits dans les registres de la prud'homie entre 1910 et 1914 :

Liste navires de pèche - 1910-1914 - Page 1Liste navires de pèche - 1910-1914 - Page 2Liste navires de pèche - 1910-1914 - Page 3Liste navires de pèche - 1910-1914 - Page 4Liste navires de pèche - 1910-1914 - Page 5

 

Le nombre de navires :


      Le nombre de 86 navires pour un village peuplé de 3 216 habitants (recencement de 1911) laisse songeur et pose de nombreuses questions.

     Est-ce que tous ces navires naviguaient tous en même temps ? Il semble que non puisque par exemple l'IDEAL a été construit pour remplacer le CARNOT. Néanmoins ces 2 navires se sont cotoyés durant 2 campagnes de pèche (2 ans). Donc, à la seule lecture de cette liste, il n'est pas possible de savoir combien de navires étaient en activité chaque année.

     Combien de marins et mousses étaient employés sur ces bateaux ? Ne connaissant ni les tonnages des navires, ni les équipages, difficile d'apporter une réponse précise. Nous ne pouvons qu'émettre une estimation. Si nous nous référons aux photographies que nous possédons de barques de pèche banyulencques dans les années 1900, la taille des navires nous laisse à penser que l'équipage devait se composer d'une moyenne de 5 personnes, à savoir 1 patron, 3 marins et 1 mousse. Donc 86 barques multiplié par 5 hommes d'équipage équivaut à 430 marins pécheurs, auxquels s'ajoutent les armateurs, ainsi que les ouvriers employés par les charpentiers de marine et ceux qui oeuvrent dans les corderies, et enfin les remandaïres qui ravaudent les filets. Nous arrivons ainsi facilement à un nombre de 500 à 600 personnes employées à faire fonctionner la branche économique que constitue l'industrie de la pèche. Donc, nous pouvon estiment que l'activité de la pèche employait de 15 à 18% de la population banyulencque au début des années 1910, c'est-à-dire que quasiment 1 Banyulenc sur 5 tirait sa subsistance quotidienne de la pèche.

     Comme nous l'avons souvent expliqué, il faut attendre les années 1960 et le plan "Racine" lancé par le général de Gaulle pour que soit construit le 1er port dans l'anse du Fontaulé. Avant les années 1960, les barques étaient tirées au sec sur le sable de la plage du Voramar et uniquement sur la plage du Voramar, puisque celle du Fontaulé était trop étroite. C'est donc une flottille de près de 80-86 barques qui occupe la totalité de l'espace de la plage. Ainsi la plage, cet espace sableux et caillouteux impropre à l'agriculture, que le cadastre napoléonien nomme "terre vaine" est à la fois la zone de stockage des navires et l'atelier à ciel ouvert qui accueillent les filets et les "remandaïres" qui les réparent. La plage du Voramar est un espace industriel et industrieux, réservé à l'activité de la pèche. Dans les années 1900-1920, un cabestan et des treuil sont installés en haut de la plage du Voramar, réduisant ainsi les efforts des pécheurs pour remonter les navires sur la plage. Pour découvrir le vestige du système permettant de mettre les navires au sec, suivez le lien : De nouvelles traces du passé de la commune de Banyuls-sur-Mer récemment découvertes

La plage du Fontaulé, Carte postale, Vers 1930

La plage du Voramar, Carte postale, Vers 1920La plage du Voramar, Carte postale, Vers 1910La plage du Voramar, Carte postale, Vers 1900

 

Les armateurs et les différents types de patrons :


      La liste fait la distinction entre "armateur", "patron propriétaire", "patron intéressé" et "patron meneur".

     Comme le disaient les marins sur la plage, l'armateur est "l'home de la camisa blanca" (l'homme à la chemise blanche), c'est-à-dire celui qui possède les fonds qui permettent de faire bâtir une barque, de l'armer en bouts, voiles et matériels de pèche et de payer l'équipage. Néanmoins le surnom donné par les marin à l'armateur masque une réalité. Si certains armateurs ne naviguent jamais, certains sont d'anciens marins qui, devenus âgés, investissent l'argent qu'ils ont gagné sur la mer, pour faire fabriquer une barque dont une partie des revenus leur permet de financer leur retraite. Ainsi Jean COSTE dit le "Bouroumbou" né en 1868 et inscrit maritime dès l'âge de 12 ans, atteint en 1910, ses 30 ans de service en mer. Entrant dans sa 40ème décennie, en sa qualité de patron pécheur il commande encore quelques années le CARNOT, tout en lançant la construction en qualité d'armateur de l'IDEAL, dont il confie le commandement à son cousin COSTE Jean dit "Loumpiou". L'activité de l'IDEAL permet ainsi à Jean de se constituer un pécule destiné à compléter sa future maigre retraite de marin pècheur.

     Les armateurs étant des investisseurs soit des terriens qui n'ont jamais navigué, soit des anciens pécheurs qui complètent leur retraite, ils confient le commandement de leurs navires à un marin de confiance appelé "patron". Selon la liste établie, sur la plage de Banyuls-sur-Mer, 2 types de contrats peuvent être passés. D'une part, le moins avantageux est le contrat de "patron meneur" qui touche un salaire fixe quelles que soient les quantités et les variétés péchées. Mais, avec seulement 7 mentions, ce contrat ne semble pas avoir été prisé par les Banyulencs. De plus, le fait de COSTE Michel dit "Kèle" soit d'abord patron meneur de la REINE DES FLOTS, puis ensuite le patron propriétaire de la CECILE, semble indiquer que le statut de patron meneur est le grade le plus bas, celui qui permet aux jeunes capitaines de faire leurs armes tout en se constituant leur pécule.

     D'autre part, le contrat le plus utilisé à Banyuls-sur-Mer est le "patron intéressé", c'est-à-dire que le patron est payé en fonction des quantités et des qualités de poissons péchées. La pèche ramenée est divisée en parts : l'armateur reçoit la moitié des parts, l'autre moitié est répartie entre les membres de l'équipage, selon l'accord établi avant le début de la campagne de pèche. Ainsi, les patrons négocient directement avec l'armateur leur intéressement, c'est-à-dire le nombre parts qui leur revient. Sachant que les mousses reçoivent 1/2 part et que les marins touchent 1 part voire 1 part 1/2 ou 2 parts pour les meilleurs, toute hausse de l'intéressement ne peut être prise que sur la part revenant à l'armateur. Ainsi les meilleurs patrons ceux ramenant de grandes quantité de variétés plus coûteuses (le kilo de thon est payé plus cher que le kilo de bonite, lui-même payé plus cher que le kilo de langouste et il faut pécher plus d'anchois que de thon pour atteindre 1 kilo), peuvent demander un intéressement plus élevé, sans faire baisser le revenu de l'armateur. Néanmoins ce système induit la recherche des espèces les plus rentables, recherche qui a progressivement vidé les rivages banyulencs. 

Banc de thons en Méditerranée, Photographie, 2016Bonite à dos rayé en Méditerranée, Photographie, 2017La Langouste de Méditerranée, Photographie, 2020Banc d'anchois en Méditerranée, Photographie, 2022

     Enfin, selon la liste établie, le modèle majoritaire à Banyuls-sur-Mer (55 sur 86) est celui du patron propriétaire, c'est-à-dire que celui qui commande le navire est celui qui l'a payé, qui l'arme et qui recrute l'équipage qui sert sous ses ordres. Et recruter un équipage valable n'est pas toujours une mince affaire, comme l'indique Francis COSTE dans la liste qu'il a établie : " En 1910, n'étant pas du parti d'ESPIE le nouveau maire élu, le père GELIS ne put constituer un équipage. Donc il vendit son navire [CITOYEN] à BONABOSCH dit « Bogue »".

 

Une branche économique qui emploie aussi des non navigants :


      L'activité de la pèche employait aussi des artisans, des ouvriers et des ouvrières qui ne naviguaient pas.

     D'abord, la liste fait état des maîtres charpentiers de marine, c'est-à-dire des constructeur des navires. Il apparaît alors qu'entre 1910 et 1914, pas moins de 4 ateliers de charpentiers de marine sont installés dans le village de Banyuls-sur-Mer, à savoir : les frères BONAFOS Auguste et Michel, COLOMINES Bonaventure, HOLLET François et BARBE plus connu sous son surnom "Requin". La liste indique que la majorité des navires (64 sur 86) ont été construits dans l'un de ces 4 ateliers banyulencs. L'atelier BONAFOS semble être le plus actif avec la fabrication de 48 barques, suivi par l'atelier COLOMINES avec 7 barques, puis par l'atelier HOLLET avec 6 barques et terminant la marche l'atelier BARBE avec 3 barques construites.Il faut néanmoins noter que cette répartition ne peux rester qu'hypothétique, puisque la liste établie ne donne pas le nom des constructeurs pour 22 barques, soit 1/4 de la flotille en activité entre 1910 et 1914. Combient d'hommes ces ateliers employaient-ils ? La seule lecture de la liste ne nous permet pas d'estimer la taille des ateliers, même si la production de l'atelier des frères BONAFOS nous laisse à penser qu'il devait employer plus de personnel que les 3 autres.

L'atelier BONAFOS, Carte postale, Vers 1910

     Ensuite, même si la liste n'en fait pas état, sur la plage du Voramar se trouvaient les "remandaïres" que nous avons déjà évoquées. Les ravaudeuses étendaient les filets en haut de la plage et sur les 2 rives de l'embouchure de la Vaill-Aury, afin de les vérifier et de les réparer si besoin. Et gare à qui traînait ses guêtres à proximité des filets, comme l'explique Christian ROQUES : "Quand on était gamins [dans les années 1950-1960] on allait jouer au foot ou au rugby sur la plage. Mais on avait intérêt à faire gaffe parce que si on marchait sur les filets les remandaïres nous jetaient de petits galets. Et elles avaient l'oeil, elles visaient bien ! Tu pouvais être sûr qu'elles touchaient leur cible à tous les coups !" Combien étaient-elles ? Impossible à dire. En effet, ce métier réservé aux femmes, employait majoritairement les épouses et les filles des marins, c'est-à-dire que rares étaient les contrats qui encadraient cette activité et que tout aussi rares étaient les femmes à recevoir un salaire pour leur travail.Les remandaïres sur la plage, Carte postale, Vers 1920RIVIERE Hélène, Les Remailleuses de filets à Banyuls, Huile sur toile, 1925VALIENTE Manolo, La remandaïre, Calcaire, 1968, Photographie, 2021     Enfin, même si la liste ne l'indique pas, sur la commune de Banyuls étaient établis 2 corderies, dont la plus connue, celle qui a d'abord appartenu à AZEMA Raphael avant qu'il ne la transmette à son fils Vincent aux alentours des années 1900. La corderie AZEMA était installée dans l'actuel quartier de La Rode, en lieu et place de l'actuelle maison de retraite Paul REIG, le long de la rue Joliot-Curie. Combien d'hommes ces 2 corderies employaient-elles ? En l'état actuel de la recherche, impossible d'apporter une réponse à cette question.

Ancien emplacement de la corderie AZEMA, Photographie, 2021Ancien emplacement de la corderie AZEMA, Photographie, 2021

 

     Ainsi, grâce à la liste établie par M. Francis COSTE dernier prud'homme de pèche, se dessine Banyuls-sur-Mer au tournant du XXème siècle, un village dynamique, dont quasiment un cinquième de la population tire sa subsistance de l'activité de pèche ; activité qui se déroule aussi bien en mer que sur terre, avec la plage du Voramar comme centre et pôle grouillant d'activités aussi diverses que variées.
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