Il suffit de se placer sur la place du village de Banyuls-sur-Mer, et de tourner le regard sur les collines qui cernent et enserrent la zone urbaine littorale, pour constater la prédominance actuelle de la culture de la vigne. Cette simple constatation visuelle induit trois questions basiques voire "instinctives" : Quand ces paysages ont-ils été créés ? Par qui ? Et pourquoi ?
La simplicité de ces questions ouvre grand la porte à la complexité, donc à la méthode. En effet, faire un travail d'historien consiste à mener une enquête en interrogeant 4 sources différentes : l'archéologie des paysages et du bâti, les archives écrites et graphiques, les oeuvres d'art et les témoignages. De plus, à la recherche dans ces 4 sources s'ajoutent les recherches bibliographiques. Donc, "patience et courage font plus que force et que rage".
Chaque source amène son lot de réponses ainsi que son lot de questions. De plus, chaque information apportée par une source doit être interrogée à la lueur des 3 autres sources. Du minutieux travail de collecte et de l'essentiel travail de recoupement des informations, naît un modèle économico-territorial qui évolue et se structure tout au long de sa chronologie. Ce modèle devient donc une hypothèse de recherche, reposant sur des sources clairement énoncées, sur des critères distinctemement définis, et sur une chronologie spécifique. Cette hypothèse est alors confrontée à la théorie et à la chronologie générales, afin d'établir si le modèle particulier proposé est valable et valide, puis d'évaluer sa résonnance et sa dissonance avec le modèle général.
Ainsi, sur la base de l'étude des archives publiques (A.D.P.O. et Mairie) et des archives privées (familles, caves coopératives, caves particulières), ainsi que sur la base de la lecture des paysages et du bâti, commence à s'esquisser le modèle particulier (à la fois singulier et fréquent) de l'histoire la viticulture à Banyuls-sur-Mer. Encore multiforme, percé de nombreux manques et de zones obscures, le modèle de l'histoire de la viticulture à Banyuls-sur-Mer est cerné pas-à-pas, par le lent et patient travail de récolte dans les sources et d'analyse des informations.
Adoptée par la population de la paroisse Notre-Dame-des Abeilles durant le Moyen-Âge central, longtemps cantonnée à une part congrue dans l'économie paysanne et dans les paysages banyulencs, la culture de la vigne conquiert à la fin du XIXème siècle la quasi totalité des terres cultivées, devenant rapidement l'unique vecteur de l'organisation et du fonctionnement de la majorité du territoire communal, ainsi que l'une des principales branches de l'activité économique du village, de la fin du XIXème siècle jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Pour que le modèle en cours de création commence a entrer, et fasse débat dans la communauté, il ne suffit pas d'affirmer sa thèse de manière synthétique. Dans un premier temps, il nos a semblé préférable d'établir les divers modèles actuels les plus véhiculés par les caves et les plus répandus dans les divers publics locaux et touristiques, afin d'interroger leurs degrés de validité par rapport aux informations livrées par les différentes sources. Dans un second temps, nous avons pu dérouler l'argumentation de notre thèse, construite sur les informations livrées par les différentes sources.
Pour lire les articles, suivez les liens ci-dessous :
1) Banyuls, terres des Templiers ?
2) Quand la viticulture est-elle apparue à Banyuls-sur-Mer ?
3) Le calendrier des vignerons de Banyuls
4) Les paysages de Banyuls-sur-Mer : l'usine de fabrication de vin à l'échelle d'un village
5) L'enrichissement des Banyulencs grâce à l'adoption de la monoculture de la vigne
6) Le vin de Banyuls, le piment de l'armée française à la fin du XIXème siècle
7) La dynamiterie de Paulilles et les caves banyulencques même combat !
8) L'imagerie publicitaire du Banyuls confrontée à la lecture des sources historiques